Téléchargés
sur internet ou trouvés dans le CD-Rom d'un magazine
informatique, les spywares sont des logiciels (presque) comme
les autres.
Qu'est-ce qu'un spyware?
Un spyware, en français "espiogiciel" ou
"logiciel espion", est un programme ou un sous-programme
conçu dans le but de collecter des données personnelles
sur ses utilisateurs et de les envoyer à son concepteur ou
à un tiers via internet ou tout autre réseau informatique,
sans avoir obtenu au préalable une autorisation explicite
et éclairée desdits utilisateurs.
Même préalablement informé d'un éventuel
tracking, l'utilisateur n'en reste pas moins soumis à
une surveillance dont la nature peut s'avérer illégale
du point de vue de la législation de son pays. L'analyse
de sa navigation sur internet peut ainsi par exemple permettre
de déduire et de stocker des informations - réelles
ou supposées - sur ses origines raciales, ses opinions
politiques, philosophiques ou religieuses ou encore son appartenance
syndicale, ce qui est interdit en France sans le consentement
de l'intéressé.
Une autre définition du spyware pourrait être un logiciel
commercial (c'est-à-dire légalement disponible dans
le commerce, payant ou gratuit) que son mode de financement ou son
mode de fonctionnement amène à recueillir puis transmettre
à un tiers des données personnelles concernant ses
utilisateurs, sans avoir obtenu au préalable une autorisation explicite
et éclairée de ces derniers. Les spywares sont donc différents
des chevaux de Troie et autres enregistreurs de frappes au clavier
(keyloggers), contrairement à une déformation récente
de leur définition, même si ces derniers peuvent également
être utilisés pour collecter et envoyer des données
sensibles, dans un but cette fois clairement malveillant. Ces derniers
sont détectés et supprimés de façon
systématique par les antivirus, ce qui n'est pas le cas des
spywares, qui peuvent malgré tout avoir été
installés volontairement par certains utilisateurs.
Les spywares sont parfois confondus avec les adwares, ces logiciels
dont l'auteur se rémunère par l'affichage de bannières publicitaires,
sans pour autant recueillir ni transmettre de données personnelles
et sans forcément porter atteinte à la vie privée
de leurs utilisateurs (le navigateur Opéra avant le 20/09/05
ou le logiciel de messagerie Eudora en version gratuite sont des
adwares). Ils sont également confondus à tort avec
les cookies et les web-bugs, qui ne sont pas des programmes espions
mais plutôt des procédés techniques dont la
mise en oeuvre peut être détournée pour porter
atteinte à la vie privée.
Deux types de spywares
Une première classification des spywares peut être
établie en tenant compte de leur fonction, à
savoir le commerce ou le renseignement :
- les spywares commerciaux collectent des données
sur leurs utilisateurs et interagissent de manière
visible avec eux, en gérant l'affichage de bannières
publicitaires ciblées, en déclenchant l'apparition
de fenêtres pop-up, voire en modifiant le contenu
des sites web visités afin par exemple d'y ajouter
des liens commerciaux. Ce sont les spywares les plus courants.
Leur existence est généralement mentionnée
dans la licence d'utilisation du logiciel concerné,
mais souvent dans des termes ambigus et/ou dans une langue
étrangère, ce qui fait que l'utilisateur n'est
pas correctement informé. Ils se présentent
généralement sous la forme de logiciels gratuits,
pour les éditeurs desquels ils constituent une source
de revenu ;
- les mouchards collectent également des données
sur leurs utilisateurs mais le font dans la plus totale
discrétion. La surveillance et la réutilisation
éventuelle des données collectées se
font à l'insu des utilisateurs, généralement
dans un but statistique ou marketing, de débogage
ou de maintenance technique, voire de cybersurveillance.
L'existence de ces mouchards est délibérément
cachée aux utilisateurs. Ils peuvent concerner n'importe
quel logiciel, qu'il soit gratuit ou payant, mais de par
leur nature ils sont peu fréquent, le risque en terme
d'image en cas de découverte et médiatisation
de l'existence du mouchard par un utilisateur étant
à lui seul dissuasif pour la plupart des éditeurs.
Une seconde classification peut être opérée
en fonction de la nature des spywares, à savoir leur
constitution logicielle :
- le spyware intégré (ou interne) est une simple
routine incluse dans le code d'un programme ayant une fonction
propre pour lui donner en plus la possibilité de collecter
et de transmettre via internet des informations sur ses
utilisateurs. Les logiciels concernés sont par exemple
Gator, New.net, SaveNow, TopText, Alexa ou Webhancer ainsi
que la totalité des mouchards. Le spyware et le programme
associé ne font qu'un et s'installent donc simultanément
sur l'ordinateur de l'utilisateur ;
- le spyware externalisé est une application autonome
dialoguant avec le logiciel qui lui est associé, et pour
le compte duquel elle se charge de collecter et de transmettre
les informations sur ses utilisateurs. Ces spywares sont
conçus par des régies publicitaires ou des sociétés spécialisées
comme Radiate, Cydoor, Conducent, Onflow ou Web3000, avec
lesquelles les éditeurs de logiciels passent des accords.
Le spyware de Cydoor est par exemple associé au logiciel
peer-to-peer KaZaA, et s'installe séparément
mais en même temps que lui.
Une nouvelle tendance encore plus contestable concerne les
utilisateurs du navigateur Internet Explorer. Certains spywares
comme Gator cherchent à s'installer automatiquement
sur le poste de l'internaute au moyen de la technologie ActiveX,
lors de la visite de pages web peu recommandables.
Fonctionnement d'un spyware
Dans le cas des spywares commerciaux, avant de pouvoir procéder
à l'installation du logiciel gratuit convoité
l'utilisateur est généralement invité
à fournir certaines informations personnelles voire
nominatives (email, nom, âge, sexe, pays, profession, etc.).
Un identifiant unique est alors attribué à l'ordinateur
de l'internaute, qui permettra de relier les données
collectées et centralisées dans une gigantesque
base de données aux informations personnelles fournies
par l'utilisateur, voire éventuellement à d'autres
informations recueillies sans préavis (configuration,
logiciels installés, etc.).
L'analyse de ces données permet de déterminer
les habitudes d'utilisation, les centres d'intérêts
voire les comportements d'achat de l'utilisateur et de lui
proposer ainsi des bannières publicitaires, des courriers
électroniques promotionnels ou des informations commerciales
contextuelles toujours plus ciblés, en rémunérant
au passage les éditeurs de logiciels partenaires. Dans
le cas du spyware commercial Cydoor, l'installation du programme
copie sur le disque les fichiers nécessaires au fonctionnement
de l'application (cd_load.exe, cd_clint.dll et cd_htm.dll),
crée un répertoire pour stocker les bannières
qui seront affichées à l'utilisateur même
lorsqu'il sera hors ligne (Windows/System/AdCache/), puis
modifie la base de registres.
La plupart des spywares fonctionnent avec une extrême
discrétion : ils agissent en tâche de fond, apparaissent rarement
dans le Menu Démarrer de Windows et même dans le cas
des spywares externalisés sont le plus souvent absents
de la liste des programmes installés figurant dans le Panneau
de configuration. Dans le cas des spywares commerciaux, il
est normalement fait état de leur existence dans la
licence du logiciel mais ça n'est pas toujours le cas
et c'est souvent en des termes trompeurs, décrivant
rarement le détail des informations collectées
et l'utilisation qui en sera faite. Quel que soit le type
de spywares, les données collectées et transmises
sont définies dans le code source du spyware, et le
cryptage des transmissions fait qu'il est difficile de s'assurer
de leur nature exacte.
Le spyware s'exécute souvent automatiquement au démarrage
de Windows et mobilise donc en permanence une partie des ressources
du système. Pour collecter certaines données,
les spywares peuvent également être amenés
à modifier des fichiers vitaux gérant par exemple
les accès à internet, ce qui peut conduire à
des dysfonctionnements importants en cas d'échec de
l'installation ou de la désinstallation du spyware.
Certaines fonctionnalités annexes comme la mise à jour automatique
peuvent aussi représenter un danger pour la sécurité de l'utilisateur,
en permettant le téléchargement et l'installation à
son insu d'un autre programme ou d'un autre spyware, voire
d'un programme hostile dans le cas du détournement
du système par une personne malveillante.
Règles générales de protection
Depuis les scandales provoqués en 1999 par la découverte
de spywares dans SmartUpdate (Netscape) et RealJukeBox (Real
Networks), la pratique est devenue plus transparente dans
le cas des spywares commerciaux, même si les abus restent
nombreux. Quelques règles simples peuvent être observées
:
- lisez attentivement les conditions d'utilisation d'un
logiciel avant de l'installer. L'existence d'un spyware
commercial et de ses fonctionnalités annexes y sont
normalement signalées, même s'il faut bien
souvent lire entre les lignes car le spyware y est présenté
en des termes édulcorés voire trompeurs, voire
parce que tout est fait pour que l'utilisateur évite de
lire lesdites conditions d'utilisation. Si vous ne comprenez
pas la langue dans laquelle est rédigée une
licence d'utilisation vous ne devriez pas installer le logiciel
concerné ;
- réfléchissez bien avant de dévoiler
des informations personnelles. Dans le meilleur des cas,
les conditions d'utilisation sont généralement
conformes au droit américain, donc beaucoup moins
protectrices en matière de vie privée qu'en
Europe. Notamment ne donnez pas votre adresse email permanente
chez votre fournisseur d'accès mais plutôt
un compte d'email gratuit qui pourra être fermé
en cas de spamming ;
- n'acceptez pas sans réfléchir les programmes
supplémentaires éventuellement proposés
lors de l'installation d'un logiciel. New.net, SaveNow et
Webhancer sont ainsi proposés par défaut lors
de l'installation de KaZaA, mais il suffit de décocher
les cases correspondantes pour qu'ils ne soient pas installés ;
- installez un firewall
personnel et surveillez les demandes d'autorisation
de connexion à internet, afin de détecter
toute application suspecte. C'est une autre bonne raison
d'installer un firewall personnel ;
- informez-vous auprès de sites spécialisés.
Secuser.com et sa lettre d'information hebdomadaire Secuser
News aborde régulièrement la question
des spywares au travers de l'actualité ou de dossiers
;
- gardez enfin à l'esprit qu'installer un logiciel n'est
jamais une opération anodine : cela revient à
autoriser le programme à effectuer toutes les opérations
qu'il souhaite sur votre disque dur. Outre un spyware, un
programme douteux peut contenir un virus ou un troyen, donc
un minimum de précaution s'impose.
Les spywares commerciaux n'étant pas des virus ni
des troyens, analyser son disque dur avec un antivirus à
jour n'assure pas de l'absence d'un spyware. Il existe cependant
d'autres moyens de les détecter voire de les éliminer
: il est ainsi utile d'exécuter un antispyware périodiquement
ou après l'installation d'un logiciel douteux, pour
s'assurer de ne pas avoir installé un spyware sans
le savoir.
Comment détecter la présence
d'un spyware ?
Le plus simple pour détecter la présence d'un spyware est
de procéder par des moyens indirects, à savoir son
activité, la présence de fichiers caractéristiques ou le nom
du logiciel suspect. Les moyens ci-dessous sont assez faciles
à mettre en oeuvre, mais ne concernent que les spywares
commerciaux ainsi que les mouchards dont l'existence a été
découverte.
Il existe ainsi des listes de spywares, consultables
en l'état, sous forme de moteurs de recherche ou encore
d'utilitaires dédiés. Près d'un millier
de logiciels (spywares intégrés ou programmes
associés à un spyware externalisé) ont
ainsi été recensés, dont Babylon Translator,
GetRight, Go!Zilla, Download Accelerator, Cute FTP, PKZip,
KaZaA ou encore iMesh :
Cette méthode de détection est simple, mais aucun site ne
peut prétendre à l'exhaustivité : même l'utilitaire
Ad-Search
(LavaSoft) édité par un spécialiste du
sujet est incomplet. Elle ne constitue donc qu'une première
approche, qui reste très pédagogique car elle
permet de mesurer l'ampleur du phénomène.
Certains firewalls personnels sont capables de filtrer
le trafic sortant sur une base applicative, c'est-à-dire que
chaque application souhaitant accéder à internet doit au préalable
y avoir été autorisée. Pour ce faire, une alerte est émise,
comme ici avec ZoneAlarm (ZoneLabs) et le spyware Webhancer
:
cette solution donne de bons résultats avec la plupart des
spywares, y compris si le spyware est un fichier DLL (l'application
qui tente de se connecter à internet est alors RUNDLL32.EXE),
mais elle ne peut rien contre les spywares intégrés si le
logiciel concerné a déjà été autorisé à accéder à internet
dans le cadre de son fonctionnement normal. L'utilisateur
doit par ailleurs être suffisamment compétent pour pouvoir
décider si l'application qui tente de se connecter doit ou
non y être autorisée.
C'est pourquoi des antispywares ont été conçus sur
le modèle des antivirus, afin de détecter les spywares sur
la base de signatures. Utilisables facilement même par des
non initiés, ils permettent de détecter un spyware même s'il
n'est pas actif, mais restent dépendants de la mise à
jour du fichier des signatures. OptOut étant abandonné,
le plus performant des antispywares gratuits actuels est Ad-Aware
(LavaSoft), qui a par ailleurs le mérite d'exister
en version française :
Ce programme permet de scanner la mémoire de l'ordinateur,
la base de registres et les différents disques à
la recherche des composants indiquant la présence d'un
spyware connu. En version payante, il dispose même d'un
moniteur capable de surveiller le système en permanence
et d'empêcher l'installation d'un spyware en temps réel.
Comment faire pour éliminer
un spyware ?
La désinstallation d'un logiciel ne supprime pas forcément
le spyware installé avec lui. Ainsi, la désinstallation de
KaZaA ne supprime ni son spyware externalisé Cydoor, ni les
autres spywares installés avec ce logiciel.
Pour éliminer un spyware intégré, il suffit le plus
souvent de désinstaller l'application correspondante depuis
le Panneau de configuration de Windows. Dans le cas d'un spyware
externalisé, il est par contre généralement nécessaire de
passer par une procédure fournie par son éditeur dans une
obscure FAQ, ou plus efficacement d'utiliser Ad-Aware en supprimant
les fichiers constitutifs du spyware :
Dans la plupart des cas, l'élimination d'un spyware externalisé
fera que le logiciel associé cessera de fonctionner, affichant
un message du type : "Vous avez effacé un composant
du logiciel nécessaire à son exécution.
Le logiciel ne fonctionnera plus mais vous pouvez le réinstaller".
Certains antispywares permettent de bloquer ou de neutraliser
un spyware tout en continuant à utiliser son logiciel
associé, mais leur utilisation est assimilable à
du piratage, les contrats de licence faisant généralement
du spyware une contrepartie obligatoire à l'utilisation
gratuite du logiciel associé.
NB : les logiciels antispywares incluent souvent la détection
de certains cookies dans leurs signatures, au risque d'affoler
les non initiés car les cookies ne sont pas des spywares.
Ce sont de simples fichiers texte gérés par
votre navigateur Internet qui permettent aux sites web visités
de stocker certaines informations sur votre disque dur - personnelles
ou non, en fonction des données que vous confiez à
ces sites - afin de pouvoir les retrouver lors de votre parcours
dans le site ou lors de votre prochaine visite. Si vous ne
souhaitez pas autoriser les sites web à utiliser des
cookies, il suffit de désactiver ou de limiter strictement
cette option dans votre navigateur web.
Spyware or not spyware ?
S'il ne peut y avoir aucune hésitation à condamner
les mouchards et plus globalement le principe visant à
espionner les utilisateurs à leur insu, contrairement
à la publicité en ligne telle que pratiquée
par la régie DoubleClick - qui par l'intermédiaire
des sites web de tous ses clients collecte et centralise elle
aussi des données sur les préférences
de chaque internaute* - le tracking opéré par
les spywares commerciaux a le mérite de ne concerner
que les utilisateurs qui décident d'installer un de
ces logiciels, laissant donc la liberté aux autres
internautes de ne pas en installer ou d'opter pour une version
payante dépourvue de spyware.
Malheureusement, au lieu d'opter pour la transparence et
d'en expliquer clairement les enjeux, beaucoup d'éditeurs
de logiciels ont été tentés de profiter
de la discrétion des spywares pour en dissimuler l'existence
ou pour les laisser implantés même après
la désinstallation du logiciel associé. Des
pratiques abusives qui ont rapidement décrédibilisé
le concept, jetant la suspicion y compris sur la nature réelle
des informations collectées. Les spywares commerciaux
sont ainsi devenus aux freewares et aux sharewares ce que
le spamming est à l'e-mailing. Ils ont d'ailleurs également
créé un marché spécifique, puisqu'aux
spywares qui exploitent la confiance ou l'ignorance des internautes
viennent désormais s'ajouter un nombre croissant d'utilitaires
antispywares payants qui exploitent les peurs - et il faut
bien le dire aussi parfois l'ignorance - de ces mêmes
internautes.
Qu'il se résigne à voir ses données personnelles converties
en dollars à son insu par d'obscurs logiciels ou qu'il choisisse
de se protéger par l'acquisition d'utilitaires toujours plus
nombreux et coûteux, l'internaute est-il condamné à
payer la facture des spywares quelle qu'en soit la monnaie?
Heureusement que non, mais sauf à renoncer à
installer de nouveaux programmes sur son ordinateur, il devra
chercher à s'informer et surtout faire preuve d'un
minimum de vigilance s'il souhaite que sur Internet sa vie
reste privée.
E.J.
LIENS UTILES :
- Télécharger
l'antispyware gratuit Ad-Aware
- Télécharger
l'antispyware gratuit SpyBot S&D
- Télécharger
l'antispyware gratuit Windows Defender
- Télécharger le
firewall gratuit ZoneAlarm
- Télécharger le firewall
gratuit Outpost
- Dossier Secuser.com : firewall
personnel
- Liste de spywares InfoForce
(dernière version connue)
- Sélection
d'antispywares gratuits sur Inoculer.com
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