Emmanuel
JUD : Qu'est-ce exactement qu'un consultant sécurité ?
Hervé
SCHAUER : Un consultant en sécurité informatique est un ingénieur
qui aide les entreprises à concevoir et déployer des systèmes
d'information qui répondent à ses besoins de sécurité. Lorsque
nous développons des méthodologies, c'est pour formaliser
l'exploitation d'un système de sécurité Internet ou une plateforme
de commerce électronique, ou une méthode d'audit de serveurs.
Quelles
sont vos méthodes de travail ?
Nous prenons en compte les besoins du client, ses moyens et
recherchons la meilleure solution. C'est générique à tous
les consultants sans doute, quel que soit leur métier.
Qui
sont vos clients ?
Nos clients sont principalement les grands comptes, mais nous
travaillons également pour des PME, sous-traitants de grands
comptes, ou des start-ups dans le domaine de l'Internet. Tous
les domaines sont couverts, même si certains secteurs sont
très présents : banque/finance, industrie, opérateurs, etc.
Nous travaillons également pour le secteur public, et à l'international
un peu dans tous les pays.
Quels
sont vos domaines d'intervention ?
Nous proposons des études, des mises en place de systèmes,
des audits, des tests d'intrusion artisanaux, des tests de
vulnérabilités, des enquêtes, un programme complet de formations
en sécurité, des services de veilles : une veille en vulnérabilité,
et une veille de l'actualité en sécurité dont je suis responsable,
et de manière générale tout ce qui concerne la sécurité dans
notre domaine : Unix, les systèmes Microsoft, et les réseaux
TCP/IP au sens large. Au sens large intègre la couche sub-IP
comme la sécurité d'Ethernet sans fil, de GPRS, etc., et les
applications au-dessus comme Tuxedo, Lotus Notes, Vignette,
Websphere, etc.
Un
exemple de mission dans le domaine du piratage ?
Une enquête, nous avons à en faire régulièrement. Les plus
graves en terme d'étendue des dégats étaient plutôt
chez des fournisseurs de services : beaucoup de machines piratées.
Par contre ce sont des cas de piratages d'entreprise qui je
pense ont représenté les plus gros préjudices financiers,
avec des vols de fichiers du business : propositions, fichiers
clients, présentations marketing, etc. Beaucoup de problèmes
viennent de l'intérieur. Nous avons des cas où les malveillances
ont été réalisées par des anciens administrateurs système.
Un
exemple de mission dans le domaine des virus informatiques
?
La conception d'architectures de passerelles de sécurité Internet
permettant une répartition de la charge de l'anti-virus sur
plusieurs serveurs, pour un anti-virus utilisé dans HTTP.
Un
exemple de mission dans le domaine de l'escroquerie ?
Les missions sont souvent des audits et je pense que dans
les audits d'applications, notamment dans le cadre d'applications
de commerce électronique, nous avons souvent évité des futures
escroqueries de la part des clients, en faisant corriger ces
applications.
A part
la malveillance, quels autres dangers guettent l'entreprise?
L'erreur humaine. Prenons un exemple très simple, quel est
le cas le plus courant de perte de disponibilité sur un serveur
web situé dans une entreprise ? Un serveur qui fourni un service
vers l'extérieur. Pas le piratage du serveur, pas un déni
de service de ce serveur, pas une coupure de la LS ou une
coupure de courant, mais dans mon expérience, une erreur de
configuration ou d'annonce BGP par le fournisseur d'accès.
Donc une erreur humaine chez le fournisseur d'accès. Pour
cela il faut des procédures d'alarme pour faire corriger rapidement
l'erreur.
Quel
serait pour vous un scénario catastrophe ?
Sous l'angle technique, je pense que nous avons à plusieurs
reprises échappé de très peu à des vers beaucoup plus dévastateurs
que ceux que l'Internet a connu. Un vers étant un programme
qui profite d'erreurs de configuration ou de bogues des applications
pour se dupliquer tout seul de serveur en serveur. Sous l'angle
financier, il m'apparait plausible d'arriver, au travers de
piratages informatiques, à faire basculer la bourse de manière
artificielle. Avec les services de bourse en ligne disponibles
actuellement celà n'apparait pas impossible que certains d'entre
eux puissent permettre de faire des transactions partiellement
virtuelles, car ce genre d'applicatifs ont toujours le risque
d'avoir des bugs.
Quelle
formation pour devenir consultant?
La meilleure formation à la sécurité informatique est d'être
un bon informaticien. La sécurité demande des connaissances
généralistes, à la fois une maîtrise de la programmation
et de l'administration système et réseau. Pour les jeunes
passionnés il existe des mastères en sécurité informatique,
mais la sécurité s'apprend en entreprise : ce qui compte c'est
la base technique maîtrisée au départ. Il faut donc
une maîtrise d'informatique, un DEA, un DESS ou un diplôme
d'ingénieur. Ensuite, nos consultants vont régulièrement en
formation aux USA, notamment sur les domaines où ils peuvent
avoir des lacunes, par exemple la sécurité Windows 2000 pour
des consultants qui maîtrisent la sécurité Linux, et
bien sûr ils profitent des formations dispensées en
interne.
Après
des études d'informatique à l'Université Paris 6 (Jussieu),
Hervé SCHAUER est un des pionniers de la sécurité informatique
en France, avec (entre autres) la publication dès 1987 d'une
série d'articles sur la sécurité Unix et la détection d'intrusion.
Il fonde en avril 1989 son propre cabinet (Hervé Schauer Consultants),
au sein duquel il a été l'un des inventeurs du relayage applicatif
(proxy services), présenté à Usenix Security en 1992, et utilisé
par la suite dans les firewalls.
LIENS
UTILES :

- Hervé Schauer
Consultants, site professionnel d'Hervé SCHAUER
- OSSIR (Observatoire
de la Sécurité des Systèmes d'Information & des Réseaux)
- CLUSIF
(Club de la Sécurité des Systèmes d'Information
Français)
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